Coudre un tutu professionnel - Part 2. : le tutu
Bonjour,
Ravie de constater que mon petit feuilleton "tutuesque" vous intéresse, je continue aujourd'hui avec le plus gros morceau : la confection du tutu plateau.
L'offre de tutus confectionnés de façon artisanale, en France, à la demande et sur mesure est plutôt rare. Si vous recherchez le tutu de vos rêves, je vous donne rendez-vous sur ma boutique en ligne : https://terpsi-boutique.fr/
Je profiterai de ce second opus pour faire un zoom sur la méthode que j'ai définitivement adoptée pour froncer les mètres de tulle (une quarantaine de mètres pour un tutu...), après avoir essayé bien des techniques.
Côté fournitures :
Pour résaliser le bas du tutu, il vous faut :
- du tissu dans les mêmes teintes que le bustier
- du tissu pour la doublure (ici du drap de coton épais). Il ne faut pas un tissu trop fin ou fragile car la culotte supporte le poids des 12 volants de tulle !!!
- du tulle raide : j'utilise des bandes de 4 mètres de long (sauf pour les 3 mini volants de la culotte), dont la largeur s'échelonne de 35 à 8 cm.
- de l'élastique à frou-frou
- de l'élastique plat étroit (6 mm ici)
- du fil épais
- du gros fil de pêche
- un pied presseur spécial "cordon"
- des clips de fermeture pour sacs plastique.
Côté réalisation :
Première étape, la culotte. Elle est constituée de deux pièces doublées, assemblées en leur milieu. Sur ces pièces, on vient surpiquer des lignes qui serviront de guides à la pose des volants successifs. L'ordre de pose est important : il est bien pensé pour ne pas être gênée par les volants déjà cousus quand on pique à la machine. En suivant bien l'ordre que j'indique ici, le côté déjà cousu se trouve troujours à votre gauche, et rien ne vient donc "bourrer" au milieu de la MAC.
On commence par poser le second volant en partant du haut. Ce volant sera cousu dans le sens de la culotte, c'est à dire à plat, bord vers le haut.
On prend donc le morceau de tulle destiné à ce volant pour le froncer.
Et c'est là que je vous dévoile ma super technique pour froncer tout ce tulle ! Je peux vous dire que j'ai tout essayé depuis des années jusqu'à trouver la technique ultime :
- Technique classique du fil de fronce : impossible le fil casse quand on tire dessus.
- Technique du double fil de fronce : très fastidieux quand il s'agit de ramener 4 mètres de tulle à 90 cm environ.
- Technique de l'élastique qu'on tire en le piquant : pas possible, ça ajoute trop d'épaisseur et difficile de trouver de l'élastique qui s'étire autant de toute facon.
- Achat d'un pied fronceur censé plier, ou froncer le tissu tout seul :
Une cata! J'ai d'abord acheté un pied universel qui m'a à moitié broyé ma machine, puis achat du vrai pied janome qui va sur ma machine (une blinde, on peut le dire) pour un résultat plus que moyen puisque ma machine peine avec ce pied et que les fronces sont bof-bof (pas assez froncé pour un tutu plateau, même avec le réglage maximum).
Donc, pour finir, j'ai regardé des sites anglophones de "madames qui font des tutus" (je vous conseille notamment d'aller jeter un coup d'oeil au travail de Barbara qui est juste merveilleux, une vraie inspiration, en cliquant sur le lien !!!) et j'ai réussi à reconstituer la technique suivante, inspirée et déduite de leur méthode (car les sites ne sont pas forcément très explicites sur le sujet), avec des petits aménagements perso.
Cette technique de fronçage est formidable, surtout quand on a une grande longueur que l'on doit beaucoup froncer ! On peut aussi l'utiliser sur du tissu, comme la mousseline par exemple.
Il vous faut du fil de pêche. Mais pas du petit fil tout fin, non, du bon gros fil de pêche bien solide et bien épais !
Ensuite, il faut équiper votre machine d'un pied presseur spécial "cordon" et régler votre point sur zigzag large et assez long.
Vous coupez un morceau de fil de pêche de la longueur souhaitée pour votre volant + environ 3 cm de marges.
Et vous clipsez une extrémité de votre fil. J'utilise les clips pour fermer hermétiquement les sacs plastiques (Ikéa). Il faut que le fil de pêche soit bien maintenu dans le clips, vous allez comprendre pourquoi.
Vous placez le fil de pêche dans la gouttière centrale du pied presseur, en positionnant le clips derrière.
Puis vous placez votre tulle.
Et vous commencez à piquer. Le zigzag passe de part et d'autre du fil de pêche. Au fur et à mesure, vous tirez doucement sur le fil.
Et vous constatez que le tissu se fronce tout seul à l'arrière du pied presseur (Ô miracle !).
Et on continue gentiment comme ça jusqu'au bout. D'où l'intérêt du clips qui évite que le fil de pêche ne se fasse la malle, car là, adieu les fronces !!!
C'est magique, ça fronce tout seul à la longueur désirée, il suffit de tirer sur le fil de pêche au fur et à mesure. Arrivé au bout, on sécurise le tout avec le second clips et on égalise bien toutes ses jolies fronces, avant de passer un petit coup de fer pour aplatir le volant.
Puis, on peut l'épingler à la culotte, sur sa ligne de couture.
Il n'y a plus qu'à piquer le volant à la culotte, puis on retire les clips et on enlève le morceau fil de pêche, qui sera utilisé pour tous les volants.
Pour un tutu comme celui ci, on pique les volants au point droit. Pour un tutu stretch, on les pique au zigzag pour garder l'élasticité.
L'étape suivante concerne le volant n°1, celui qui sera au dessus du tutu. Ici il est en tulle écru, car j'ai choisi d'alterner tulle orange et tulle écru pour avoir un rendu un peu pastel. J'ai choisi aussi de ne pas froncer ce volant supérieur mais d'utiliser le double plissage, à savoir un double enroulé d'environ 2 cm.
Ce qui donne un résultat bien régulier.
Ce volant supérieur est ensuite piqué sur la culotte, sur la première ligne guide et de la même façon que le volant n°2.
Ensuite on repasse bien le tout, et pour ne pas froisser le travail, j'ai fait une piqure à points longs pour maintenir les plis en place pendant que je m'occupe des volants suivants.
Voilà l'envers du travail à la fin de cette étape.
Il s'ensuit le fronçage repassage et couture des 6 volants suivants, sur le même schéma que le volant n°2, à la différence près que les volants sont cousus "la tête en bas", c'est pour ça que le tutu va remonter et bien rester "en l'air".
Ici, volant n°4 en cours de pose, les épaisseurs se succèdent... Le milieu de la machine n'est pas encombré si l'on suit bien l'ordre de pose.
Sur cette photo, on voit bien le volant cousu "la tête en bas". On remarque aussi qu'avant d'attaquer la pose des volants 3 à 6, j'ai posé un petit élastique à frou-frou (plus doux je trouve que le volant de tulle préconisé sur le patron) sur les tours de cuisses, en ménageant une "coulisse" qui sera destinée à insérer une petite laminette pour que la culotte ne baille pas.
Voilà, une petite vue du profil à 6 volants...
Et voilà les 8 premiers volants cousus, il en reste 4 à poser ! Le tutu est maintenant volumineux, et j'ai donc épinglé les épaisseurs à la culotte pour les aplatir un minimum et pouvoir continuer mon travail (on aperçoit une ou deux épingles en bas de la photo).
A ce stade, il faut refermer le tutu en cousant le dos de la culotte, de l'entrejambe jusqu'au volant n°8. Le reste se fixera avec des crochets. Il faut que la culotte puisse passer les hanches !
Puis on vient poser le volant n°9, c'est le dernier qui fait tout le tour. Les volants 10, 11 et 12 sont juste destinés à couvrir les fesses. Ils sont plus courts et j'ai choisi de les plisser comme mon volant n°1.
Voilà ! Tout y est !!!
Puis, je viens passer mes petits élastiques dans les coulisses du tour de cuisse avant de coudre l'entrejambe. Il faut ensuite faire la jonction de chaque volant, en les cousant à l'arrière, pour ne pas que le tutu s'ouvre. Il faut veiller à laisser la place pour l'enfilage, donc les volants ne sont pas cousus jusqu'en haut, comme on le voit sur la photo qui suit.
Je défais ma piqure à grands points qui maintenait en place le volant n°1 et admire mon tutu qui s'épanouit telle une jolie fleur !!!
Je m'envole un peu, mais je vous assure que c'est vraiment un moment d'intense satisfaction !
Cette photo vous montre bien l'intérieur de la culotte avec toutes les strates de tulle et l'ouverture à l'arrière.
Bon, ben alors, c'est fini me direz-vous ?!
Eh bien non, car à ce stade, si on enfile ce bas de tutu, on obtient ceci :
Houlàlà, mais ce n'est pas plat du tout ! Le tutu est très volumineux et remonte vers le haut (vouvs vous souvenez, c'est parce que les volants sont cousus la tête en bas !).
Il va donc falloir faire en sorte qu'il s'aplatisse. Sur les sites anglosaxons des "madames qui font des tutus" ça s'appelle "to tack a tutu" : "clouer un tutu".
Cette opération consiste à fixer les volants les uns aux autres pour les solidariser. On peut le faire avec un pistolet à aiguille ou "swifteuse", mais mes attaches étaient un peu longues, j'ai donc décidé de la faire à la main avec du fil épais et solide. Donc on remonte le tout et on fixe ensemble les volants trois par trois : 9, 8 ,7 puis 8, 7, 6; puis 7, 6, 5 et ainsi de suite.
On voit ici un point de fixation. Cette opération prend un certain temps, mais le résultat est spectaculaire !
Tadaaaaaam !!! Impresionnant non ? Le tutu est devenu plat, et il tient tout seul !!! Pas besoin de cerclette !
Vue sur l'envers, une jolie corolle et on voit bien certains des points de fixation.
Voilà côte à côte un petit avant/après.
Maintenant, le tutu et le bustier sont terminés et prêts à être décorés avant d'être assemblés l'un à l'autre. Mais ça, ce sera pour le prochain et dernier épisode !
Bilan des opérations : 1 heure pour la culotte et 9 heures pour le tutu, ajoutées aux 6 heures du bustier, j'en suis donc à 16 heures de travail pour la confection de ce tutu professionnel !
En attendant de dévouvrir vos commentaires, je vous souhaite un bon week-end !